Le rôle des cercles de femmes

Suite à des échanges et questions posées, je souhaite aborder l’intérêt des cercles de femmes de nos jours. Je base ma réflexion sur mon expérience personnelle et professionnelle, sur des enseignements reçus et sur des échanges avec des consœurs et confrères.

Depuis 2008, j’ai la joie de participer à des cercles de femmes menés par Fawzia Al Rawi, maitre soufie, femme, mère, irako-autrichienne, qui enseigne et guide des femmes, principalement occidentales. Et depuis plus de vingt ans, j’accompagne moi-même des femmes, de tous âges et origines, individuellement et en groupe. Je n’exclus pas les hommes mais ce sont les femmes qui viennent. Et j’ai fini par comprendre les bénéfices et l’importance des cercles de femmes dans la période actuelle.

Sans modèles féminins

Les cercles de femmes fleurissent partout en Occident et pourtant cela semble aller contre les tendances de mixité et la volonté de vivre ensemble. J’ai senti et entendu chez certains hommes, un sentiment d’exclusion et d’incompréhension face aux propositions réservées aux femmes. Il y a aussi des femmes qui s’y opposent, souvent parce qu’elles ont eu des mauvaises expériences professionnelles dans des équipes féminines.

En effet, nous traversons une période de grand changement ; les rôles changent, les femmes sortent des foyers, font de grandes études et prennent des postes à responsabilité. Mais ces femmes ont grandi dans une société patriarcale et n’ont pas toujours eu un modèle féminin dans le monde professionnel. Souvent, elles ont dû se battre pour avoir le poste, prouver qu’elles étaient meilleures que les hommes, et ainsi adopter une attitude compétitive qui peut virer à la dictature et à la tyrannie. Cela devient vite un cauchemar pour l’équipe, surtout pour les femmes qui ne se reconnaissent pas dans le miroir de la femme dirigeante.

Revenir à ce qu’est une femme

On voit par l’état de notre monde, géré les dernières décennies principalement par des hommes, qu’ils peuvent mener le bateau de l’humanité droit dans le mur. Fawzia Al Rawi renvoie parfois l’image du bateau à l’homme et le compas à la femme. L’un sans l’autre, on est perdu ! Elle dit aussi que l’homme détient plus de connaissance et la femme plus de sagesse, en ajoutant que la connaissance sans la sagesse est dangereuse. On en est effectivement témoin !

Alors, on pourrait croire que la solution est de mettre des femmes en position de leader, mais cela ne s’avère pas être la réponse tant que les femmes adoptent les attitudes des hommes au pouvoir, parfois en les accentuant. Nous devons donc revenir à ce qu’est une femme, à donner de la valeur aux rôles de la femme, à nous questionner sur nos particularités, nos qualités, nos compétences et nos capacités. Nous devons le faire chacune individuellement bien sûr, mais nous avons surtout besoin de modèles, de miroirs, de soutiens, de bienveillance, de liens. Car ces liens forment notre tissu et illustrent ce que nous savons intuitivement : que nous sommes tous liés.

Relié à la sagesse de l’unité

Les cercles de femmes que je propose, et auxquelles je participe, contribuent à cela. Ils offrent des espaces où règnent la beauté, la bienveillance, la complicité, le soutiens, la sincérité et la créativité, tous des éléments nécessaires pour que nos qualités innées puissent surgir et permettre à nos blessures d’être guéries et à nos cœurs d’être apaisés.

Chaque femme est un miroir pour l’autre, et connectées à notre connaissance de l’unité, nous offrons tout naturellement le soutien nécessaire pour qu’individuellement et collectivement, nous nous levions, non pas pour prendre la place de l’homme, mais pour contribuer à une élévation générale de la conscience, reliée à la sagesse de l’unité.

Cercle vs hiérarchie

Car plus que l’homme, nous avons besoin de ce contexte du cercle, sans hiérarchie, dans lequel chacune peut prendre sa place, sans crainte de la perdre, ni dans la crainte de prendre celle d’une autre. Dans une symbiose circulaire et fluide, nos peurs se calment et nous laissons apparaître nos qualités spécifiques dont le monde à besoin. Le mental et l’ego, la personnalité conditionnée et limitée par nos peurs, n’interviennent que très peu, en laissant place à l’amour nécessaire à la guérison des blessures des femmes, les nôtres et celles de nos lignés de femmes.

Les cercles de femmes contribuent donc, selon moi, à une douce transformation intérieure qui permettra, je l’espère, aux femmes et aux hommes de vivre ensemble en paix et à construire ensemble un monde meilleur.

Je souhaite à toute femme d’y gouter !

Annika Skattum