Ubiquité spirituelle 

« Si l’essentiel est invisible aux yeux, fermons les un instant. Si l’essentiel est invisible aux yeux, fermons les et ouvrons l’oeil du cœur. Ouvrons tous les sens intérieurs et laissons-nous être touché, percuté, par les vibrations du son.

 Si l’essentiel est invisible aux yeux, fermons les un instant et ouvrons la conscience vers le monde invisible, tout aussi réel que le monde visible. Deux réalités parallèles, tels le ciel et la terre. 

 Si l’essentiel est invisible aux yeux, fermons les un instant et laissons nous être traversé par la Présence, tel le vent. Laissons la matière s’insuffler et s’animer par la force de l’invisible, jusqu’à en perdre la tête !

Souffle, soyons le souffle.
Son, soyons le son.
Lumière, soyons la lumière.
Soyons ! »

Et entre les mots, invisibles et pourtant audibles, des cordes de piano à queue manipulées dans le ventre de l’instrument, par les doigts de Joanna Goodale, jeune pianiste et compositrice déjà confirmée.

Les vibrations changent, les doigts de la pianiste rejoignent le clavier et les paupières fermées du public s’ouvrent sur une danse, ou plutôt une prière, celle d’une Derviche tourneure, une Semazen, un corps habité par une âme qui tourne entre ciel et terre, dans l’accueil et dans le don, tel un instrument au service du Plus Grand.

C’est ainsi que nous avons ouvert le sommet des Napoléons à Val d’Isère le 8 janvier, Joanna Goodale et moi-même. Le thème du sommet cette année était l’ubiquité et nous avons eu l’honneur non seulement de l’offrir à vivre, mais aussi d’en parler. Voici la présentation de ma participation qui décrit bien, à mon avis, l’enjeu de ce monde: se déconnecter du virtuel pour se reconnecter à la nature et au spirituel.

« Soigner l’âme afin qu’elle puisse s’ouvrir au monde »; telle serait la définition de l’ubiquité d’Annika Skattum. Thérapeute psychocorporelle, elle pratique la guérison à travers la danse, l’art et différentes pratiques de méditation collective mais aussi individuelle. Sa quête spirituelle l’a amenée à parcourir le monde : de la Côte d’Ivoire à la Norvège en passant par la France, voyages au cours desquels elle rencontre différents guides et se nourrit de traditions diverses. Se déconnecter du virtuel, se reconnecter à la grandeur de la nature, faire circuler nos énergies, voilà ce que nous propose Annika pour notre soirée d’ouverture. »

Comment définir l’ubiquité aujourd’hui ? Devant quels défis sommes-nous ? Quels sont les possibles ? Quels sont les risques et les menaces ? Quel rôle joue la technologie et jusque où ira-t-on ? Toutes ces questions ont été abordées et d’autres encore. Parmi les intervenants, nous étions plusieurs à parler de présence ; du manque de présence à force d’être collés à nos écrans, et de l’ouverture à la Présence, élément clé pour vivre une ubiquité spirituelle.

Beaucoup de femmes ont pris la parole, dont Kahina Bahloul, imam, qui m’a invitée à ce sommet, et Céline Godin Dartanian, chamane, mais aussi des femmes et des hommes philosophes, psychiatres, professeures, entrepreneures, chercheuses, directrices, créatrices, fondatrices, activistes, artistes et auteurs (oui, je mélange volontairement les genres). Les intervenants, ou « speakers », se mélangeaient et échangeaient allégrement avec les partenaires (financiers) et les participants, dans le but de former une communauté:

« Les Napoleons sont nés d’une conviction: c’est en partageant les idées qu’on change le monde. Nous sommes une communauté ouverte de femmes et d’hommes animés par ce partage et la volonté de promouvoir une innovation vertueuse, éthique et qui profite au plus grand nombre. Cette innovation que nous soutenons est technologique, bien entendu, mais aussi sociale, politique et entrepreneuriale. Nous la défendons par la confrontation des idées et le croisement des compétences et des métiers. Avec bienveillance et détermination. »

Je suis en accord avec cette initiative ainsi que toutes les initiatives qui rapprochent les être humains de leur humanité, cette humanité qui par nature est reliée aux deux mondes ; le visible et l’invisible. Et je remercie tous ceux qui ont œuvré et qui œuvrent dans ce sens, que leurs efforts soient visibles ou non. Avec gratitude !

Annika Skattum